lundi 22 novembre 2010

Quand La Tunisie dépasse La Chine...

Voici quelques extraits d'un rapport publié par le Pnud (Programme des Nations-Unies pour le développement). On y découvre par exemple que l'espérance de vie en Tunisie augmente deux fois plus vite qu’en Chine et que le taux d’inscription des femmes tunisiennes aux études supérieures est plus élevé que celles de Hong Kong ou du Mexique. D'après les auteurs du rapport, la Tunisie offre l’exemple d’une «success story» comparable à celles enregistrées, dans les années 1990, par certains pays du sud-est asiatique...



..."Considérez la comparaison suivante. En 1970, un enfant né en Tunisie pouvait espérer vivre 54 ans et un enfant né en Chine, 62 ans. Aujourd’hui, l’espérance de vie de la Tunisie s’est allongée pour atteindre 74 ans, soit un an de plus que celle de la Chine. Aussi, si le revenu par habitant de la Chine a augmenté presque trois fois plus vite que celui de la Tunisie, l’espérance de vie de la Tunisie a augmenté deux fois plus vite que celle de la Chine. Etant donné que la Tunisie dépasse de loin la Chine sur le plan de l’éducation, elle rivalise sérieusement avec la Chine en termes de développement général (tel que le démontre l’Indicateur de développement humain (Idh)".
..."Une manière d’illustrer les progrès notables réalisés par ces pays consiste à examiner leurs progrès comparativement à ceux des autres pays dans les trois composantes de l’Idh. «Le graphique ci-après présente une comparaison entre l’évolution de l’espérance de vie dans ces trois pays au fil du temps et la moyenne mondiale, ainsi que celle d’un sous-ensemble de pays ayant un point de départ comparable".


..."Nous pouvons constater que les trois pays ont commencé bien au-dessous de la moyenne mondiale en 1970 mais en 2010 ils avaient devancé le reste du monde – dépassant de loin les pays ayant démarré au même niveau. Des tendances similaires caractérisent leurs résultats sur le plan de l’éducation: le taux brut de scolarisation dans ces pays a augmenté en moyenne de 33% au cours des quarante dernières années, comparativement à la moyenne mondiale de 23% et à une moyenne de 26% pour les pays ayant un point de départ comparable. Il est intéressant de noter que ce n’était pas le cas de la croissance économique. Le taux moyen de croissance du revenu par habitant desdits pays n’était que de 2,1%, soit légèrement au-dessus de la moyenne mondiale de 1,7%. En termes de croissance, c’est la Tunisie qui a affiché les meilleurs résultats du groupe (3%). Mais même dans ce groupe, 19 pays ont enregistré un taux de croissance supérieur sur une période de quarante ans. En revanche, seuls six pays ont dépassé la Tunisie en termes d’améliorations dans la mesure combinée de la santé et de l’éducation de l’Idh. Cela a une signification plus large. Il existe une corrélation remarquablement faible entre la croissance économique et les améliorations en matière de santé et d’éducation. Ce découplage entre la croissance et les améliorations en matière d’éducation et de santé a beaucoup à voir avec la transmission de techniques, d’idées et d’idéaux – tels que la vaccination, les systèmes d’eau propre, et le principe que tout le monde a droit à l’éducation... L’aptitude des pays à incorporer ces progrès et à s’ouvrir à de nouvelles idées dépendra de plusieurs facteurs allant des conditions de départ aux institutions et à la volonté politique".
..."En Tunisie, beaucoup des progrès réalisés dans le domaine de l’éducation remontent à une série de réformes adoptées... Il existe actuellement des preuves importantes que la santé et la scolarisation des enfants peuvent être améliorées en autonomisant les femmes. C’est précisément ce qu’a fait la Tunisie en augmentant l’âge minimum du mariage, en levant l’interdiction coloniale d’importation des contraceptifs, en instituant le premier programme de planification familiale en Afrique, en légalisant l’avortement, en rendant la polygamie illégale et en donnant aux femmes le droit de divorcer, de se présenter aux élections et de voter. Bien entendu, plusieurs pays ont essayé de mener des réformes semblables, mais la Tunisie semble avoir connu un succès particulier en les menant à bien. Aujourd’hui, le taux d’inscription des femmes aux études supérieures est plus élevé qu’à Hong Kong ou au Mexique".
..."Une bureaucratie d’Etat efficace semble jouer un rôle clé: la Tunisie offre un accès aux soins de santé de base à presque l’ensemble de sa population indépendamment du revenu; toutefois, ses dépenses de santé en tant que pourcentage du Pib ne dépassent pas celles des pays comparables. Elle gère un programme de travaux publics énorme mais 80% des dépenses du programme sont utilisés directement pour rémunérer les ouvriers non qualifiés – un pourcentage beaucoup plus élevé par exemple que dans le programme de garantie d’emploi du régime Maharashtra en Inde. Toutefois, il y a plus que l’efficacité du gouvernement en jeu ici. Une caractéristique notable du processus décisionnaire de la Tunisie réside dans le fait qu’il est façonné dans une large mesure par une véritable prise en compte des priorités et du contexte tunisiens. Au début des années 90, où plusieurs pays en développement réduisaient radicalement les subventions directes et les remplaçaient par des programmes ciblés, souvent en suivant les recommandations directes des institutions internationales basées à Washington, la Tunisie, quant à elle, a fait quelque chose de différent: elle a reformulé son programme de subventions de façon à subventionner uniquement les bas produits, permettant ainsi aux pauvres de se proposer eux-mêmes en tant que bénéficiaires du programme. Cette mesure n’était pas simplement novatrice: elle était favorable aux pauvres et intelligente car les produits alimentaires subventionnés contribuaient en moyenne plus de 70% de l’apport calorique total et presque 80% de la consommation totale de protéines des pauvres en 1990... De plus, il lui a certainement fallu beaucoup de courage pour aller si directement à l’encontre des idées reçues à l’époque où régnait le Consensus de Washington".

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